Je n’ai que trop souvent ressenti ce feeling. C’est difficile à expliquer, mais le poser à l’écrit dans mon blog va m’aider à mieux faire passer le message. Je pense qu’il était grand temps pour moi de briser la boucle.

Il est 2h05 du matin à l’heure où j’écris ces lignes, et je dois avouer que j’ai toujours un peu rêvé de tenir une note à une heure tardive dans un moment qui s’avère être tout sauf opportun. Je prends demain le train pour la Normandie (c’est d’ailleurs une première pour moi que d’arpenter les gares, ma valise jaune crapahutant à mes côtés).

Je devrais être au lit ou bien en train de finaliser mes derniers bagages avant de partir, mais j’ai préféré me connecter au back-office de WordPress pour écrire quelques mots sur mon ressenti à mesure que la release de mon portfolio approche.

Rien de spectatulaire, en soi : c’est juste une mise à jour de mon précédent site personnel qui commence à dater maintenant. Cela dit, j’ai un peu l’impression que ce portfolio ne sortira jamais tant il y a toujours quelque chose à tweak, une valeur à essayer, un bug ou une envie de faire un peu mieux quelque part.

Je vais rapidement parler de ça, ce soir : ce sentiment d’échappée belle que j’ai à chaque fois que je m’apprête à mettre en ligne mon portfolio.


J’ai essayé d’en parler à un de mes amis les plus proches; je ne sais pas s’il a vraiment compris. Quoi qu’il en soit, j’essaie de toucher un peu plus de monde et ce sera l’occasion de retenter le coup à l’écrit cette fois. Oui, un sentiment d’échappée belle; qui m’envahit et me dévore à chaque moment où je me dis “ça y’est, je vais bundle mon site une dernière fois pour que ça parte en prod, pour de vrai“. J’imagine le moment où je vais communiquer dessus, poster les premiers tweets, copier/coller le lien frénétiquement en l’envoyant à un peu tout le monde.. ou pas. Peut-être que je ne l’enverrai pas, à personne ?

Aucune idée.

Pour essayer de creuser ce sentiment qui m’envahit, voilà comment je vois la chose: avant de mettre en ligne, je suis frappé par l’envie de réanalyser mon site, mais cette fois au travers d’un millier d’yeux divers ; appartenant à mon entourage, ma famille, mes amis qui bossent dans le design, et même à ceux qui n’y connaissent rien ou s’en fichent. J’analyse mon travail à travers les yeux de l’étudiant que je pourrai croiser d’ici quelques années dans les couloirs et à qui je montrerai mon portfolio sur mon écran de téléphone – bloqué sur un breakpoint de 400px de large. À travers les yeux d’un futur potentiel employeur avec qui je pourrais me retrouver à discuter.

Bref : là-dedans, c’est la saturation totale.


Et dans ce chaos, je me mets subitement à aimer le minimalism. Puis le brutalism plus “hardcore”. Ah, et en fait non : ce que j’ai toujours aimé, c’est les sites colorés – le mien est trop blanc et noir ! Hmm. Non, non : je vais rester sur ce que j’avais dit au début : le minimalism. Je vais juste agrandir un peu cette taille de police et réduire la hauteur de ligne, “histoire de”. Je viens de voir ça à l’instant passer dans mon fil Insta, et je trouve que ça rends vraiment bien.

Le design évolue – n’allez pas croire que je rouvre Adobe XD ou Figma pour le faire, non ; j’enchaîne les tests empiriques directement dans le code – et prend une autre forme, différente de ce que j’avais prévu initialement… et une fois que je pense avoir terminé, une seule pensée me traverse l’esprit :

“Ouf, je l’ai échappé belle.”

Je l’ai échappé belle, car j’ai failli sortir quelque chose de nul. De pas assez fort, qui ne représente pas suffisamment la culture artistique que je me tue à construire jour après jour (et j’adore ça) en me noyant d’inspirations, d’images, et de discussions sur le sujet. Mais quand il y a un trop-plein de tout ça – surtout dans des moments phares – on est tenté de tout remettre en question et de tout recommencer.

Et c’est ce que j’ai fait des mois et des mois durant, avec ce portfolio comme avec tous mes projets personnels. L’avantage, avec un projet client ou d’études, c’est la deadline : le projet DOIT sortir pour une date clé. Ca n’empêche pas de douter, de recommencer, et de devenir un peu fou parfois ; mais arrive bien un moment où il n’y a plus de retour en arrière possible. On est dos au mur.

Alors pour mon portfolio, c’est moi qui ait décidé de me mettre dos au mur de mon plein gré. À l’heure où j’écris – il est maintenant 2h24 du matin – je pense avoir fait quelque chose de cool (comme je l’ai pensé lors de mes 10 versions précédentes de mon portfolio, en fait).

Mais la différence, c’est que cette fois je cours le risque. Tant pis si je me brûle les ailes : personne ne m’attend au bout de la route, pour le moment. Je n’ai plus vraiment peur de décevoir.


Merci Louis, car c’est notre petite discussion Discord improvisée qui m’a inspiré cette note. On se voit bientôt, j’espère, à Besançon!